La thérapie en marchant : Guérir le corps est l’esprit pas à pas
La thérapie en marchant, ou « walk and talk therapy », consiste à combiner la parole avec le mouvement en plein air. Inspirée des principes de la pleine conscience, cette approche exploite le lien entre l’activité physique et le flux de la pensée. Si le concept paraît récent, il s’appuie sur une pratique ancienne : des philosophes tels qu’Aristote, Platon et Socrate utilisaient déjà la marche pour stimuler l’esprit et favoriser la réflexion.
Le concept moderne de thérapie en marchant est apparu en 2005 aux États-Unis. À l’époque, le psychologue Clay Cockrell proposa à un patient surchargé d’emploi du temps, qui peinait à trouver un moment pour ses séances, de se retrouver à Battery Park, en dehors de son bureau. Ce rendez-vous en extérieur marqua ainsi la naissance d’une approche thérapeutique alliant mouvement et dialogue.
Les études en psychologie positive ont démontré que le contact avec la nature améliore notre capacité à reconnaître et à exprimer nos émotions. En marchant, l’attention se porte davantage sur soi, sur les sensations du corps et sur ce qu’il cherche à exprimer.
Le corps parle, non par des mots, mais à travers des maux. Il témoigne silencieusement de nos émotions, de nos doutes, de nos blessures et de nos peines.
La thérapie en marchant permet ainsi d’accéder plus rapidement aux causes profondes du mal-être. En favorisant la détente, elle instaure une relation de confiance entre le patient et le thérapeute, rendant l’accompagnement plus fluide et efficace.
Comment se déroule la séance?

Il s’agit d’une approche psychothérapeutique qui combine la parole et la marche. Plutôt que de se dérouler dans un cabinet, la séance a lieu à l’extérieur, généralement dans un parc ou un autre espace naturel.
Quels avantages à cette thérapie?
- Lien avec la nature : Marcher en extérieur permet de profiter d’un environnement apaisant et de se reconnecter avec la nature, ce qui favorise la détente et le bien-être.
- Réduction du stress : L’activité physique et le changement de décor aident à diminuer le stress et l’anxiété, en stimulant la production d’endorphines.
- Fluidité dans l’échange : La marche crée une dynamique plus informelle et moins contraignante que le cadre traditionnel d’un cabinet, ce qui peut faciliter l’expression des émotions et des pensées.
- Stimulation créative : Le mouvement peut encourager la réflexion et l’émergence de nouvelles idées, en rompant avec les schémas de pensée habituels.
- Stimulation créative : Le mouvement peut encourager la réflexion et l’émergence de nouvelles idées, en rompant avec les schémas de pensée habituels.
- Symbolique de progression : La marche incarne le fait d’avancer, ce qui peut être perçu comme une métaphore positive pour le cheminement personnel et la transformation intérieure.
En résumé, la thérapie en marchant combine les bénéfices de l’activité physique et de la thérapie traditionnelle, offrant ainsi une approche dynamique pour améliorer la santé mentale et émotionnelle.

La thérapie en marchant : à qui s’adresse-t-elle ?

Ce type de thérapie s’avère particulièrement adapté aux personnes éprouvant du stress, de l’angoisse, de la dépression, un épuisement émotionnel ou un burnout. Le contact avec la nature contribue à diminuer le stress, ce qui se traduit notamment par un ralentissement de la fréquence cardiaque et une baisse de la pression artérielle.
Des études menées au Japon – notamment dans le contexte du phénomène du karoshi, où le surmenage peut mener à un arrêt cardiaque ou à un AVC – ont mis en évidence les effets apaisants et bénéfiques de la nature sur le corps et le stress lié au travail.
Par ailleurs, un environnement naturel, que ce soit en forêt, en bord de mer ou en montagne, favorise la réduction des ruminations mentales, améliore la qualité du sommeil, restaure l’attention et renforce les capacités mémorielles.
« Les bienfaits de la nature sur le cerveau : éclairages de Michel Le Van Quyen »
Le Van Quyen, neuroscientifique et auteur de Cerveau et Nature : pourquoi nous avons besoin de la beauté du monde, met en lumière les bienfaits du contact avec la nature sur notre cerveau. Pour lui, « la nature fait du bien et ressource » dans le sens où :
- Elle apaise le stress : Les environnements naturels, par leur calme, leurs couleurs et leurs sons, permettent de diminuer l’activité du système nerveux sympathique, réduisant ainsi le stress et l’anxiété.
- Elle stimule la régénération cérébrale : La beauté des paysages et la diversité des stimuli sensoriels encouragent la plasticité cérébrale, favorisant ainsi la créativité, la concentration et la mémoire.
- Elle rééquilibre nos rythmes biologiques : L’exposition à la lumière naturelle et aux cycles naturels (jour/nuit, saisons) aide à réguler notre horloge interne et nos fonctions vitales.
Plus précisément le contact avec la nature permet :
- Réduction du stress et régulation émotionnelle. La nature agit sur notre système nerveux en activant le système parasympathique, ce qui permet de réduire le stress et l’anxiété. Les sons, les odeurs et la lumière naturelle aident à diminuer les niveaux de cortisol, l’hormone du stress, favorisant ainsi une meilleure gestion des émotions.
- Stimulation de la plasticité cérébrale et de la créativité. En offrant une richesse sensorielle et des environnements variés, la nature stimule notre cerveau. Cela encourage non seulement la créativité, mais également une meilleure capacité d’adaptation et de mémorisation. Loin de l’agitation urbaine, notre esprit se retrouve en « mode repos », propice à la réflexion et à l’émergence d’idées nouvelles
- Rééquilibrage des rythmes biologiques. L’exposition aux cycles naturels — la lumière du jour, les variations saisonnières — aide à réguler notre horloge interne. Cette synchronisation favorise une meilleure qualité de sommeil, une régulation hormonale équilibrée et, par extension, une meilleure santé globale.
- Impact sur la santé globale. Michel Le Van Quyen insiste aussi sur le fait que le contact régulier avec la nature peut renforcer le système immunitaire et même influencer positivement la communication entre le cerveau et l’intestin (le fameux « deuxième cerveau »). Cela se traduit par une amélioration non seulement de l’état mental, mais aussi de la santé physique.
Ces observations, issues de recherches neuroscientifiques et d’expériences concrètes, montrent que la nature n’est pas un simple décor, mais un véritable partenaire de bien-être et de résilience.
« …Les seules pensées valables viennent en marchant… »

nietzsche